Un atelier pour les femmes seules

Je suis fière de ce que nous avons accompli lors de l'atelier pour les femmes seules. Cela a changé la conception que nous avions de la réalité de la vie des femmes seules.

J'ai dirigé l'atelier, Tokumbo Bodunde était mon assistante et Jeannette Armentano l'organisatrice. Plus d'une centaine de femmes y ont participé, dont certaines avec Zoom (un outil de vidéo-conférence).

Voici ce qui a constitué la base de notre travail:

  • Les femmes seules forment un groupe opprimé et notre oppression a un effet négatif sur toutes les femmes.

Il existe partout dans le monde une longue histoire de femmes qui ne se sont pas mariées ou n'ont pas eu une relation privilégiée “acceptable“ avec un homme. Ces femmes n'étaient pas perçues comme “légitimes“ ou économiquement viables. Aux États-Unis, les femmes seules sont vues comme “non désirables“ et sont supposées vivre dans l'isolement. A cause du racisme, le message sur le fait d'être non désirables est amplifié pour les femmes de couleur, particulièrement les femmes noires.

Cette oppression nous conduit à croire qu'il y a quelque chose qui “ne va pas“ chez nous, et qui pourrait être “soigné“ en trouvant un homme et en acceptant le sexisme. Ce n'est bien sûr pas vrai. Nous allons bien.

  • Notre existence a toujours été une menace envers la domination masculine et le sexisme et a quelquefois été perçue comme une menace pour les femmes mariées et l'institution du mariage.
  • Nous sommes en nombre croissant, particulièrement aux États-Unis et dans le monde occidental.
  • Les femmes seules se sont mises à voter plus progressivement que les femmes mariées, y compris lors de la dernière élection présidentielle aux États-Unis, pour laquelle il y avait un écart de 36 points selon le statut marital. C'est plus que l'écart de 24 points lié au genre montré par le sondage CNN en sortie des bureaux de vote.
  • Les femmes sont définies par leur statut marital, pas les hommes. Souvent, sur les documents officiels, les femmes doivent s'identifier comme Mme ou Mlle alors que les hommes s'identifient juste comme Mr. (forme contractée de “Mon seigneur“).

Les femmes qui ne sont pas dans une relation de type marital sont traitées comme si elles manquaient de légitimité. Ce fait est intériorisé par toutes les femmes et est accepté et perpétué par les hommes.

  • Les êtres humains peuvent avoir toutes sortes de relations et d'engagements – avec des hommes, des femmes et des jeunes personnes. Il est justifié de se demander si nous avons besoin d'une relation privilégiée dans notre vie. Les femmes seules peuvent prendre l'initiative de changer la “norme“.
  • Les femmes indépendantes et autonomes méritent d'être saluées. C'est formidable d'être seule. Tout au long de l'atelier, les femmes disaient : « Je suis fière d'être seule. » Être seule n'est pas une étape provisoire dont nous voulons sortir. Cela peut nous donner une tribune importante (particulièrement à notre époque) pour combattre le sexisme et la domination masculine.
  • L'une des forces des femmes seules est la possibilité de vivre une vie dont le sexisme au quotidien est exclu.
  • Il y a eu de nombreuses femmes seules formidables. Des femmes seules ont mené des vies riches et apporté des contributions importantes à l'humanité.
  • Les femmes seules représentent tous les groupes opprimés à l'exception des hommes. Nous devons nous retrouver et nous unir. Ensemble, nous pouvons apporter des changements importants autant au niveau personnel qu'à grande échelle. Plus que tout autre groupe de femmes, on attend de nous que nous prenions l'entière responsabilité de notre vie.
  • Dans la Co-écoute, nous devons former un foyer permanent pour les femmes seules. C'est une contradiction importante à l'oppression.
  • La société propose constamment des solutions simplistes aux problèmes des gens en général et des femmes seules en particulier. Les sites de rencontre oppressifs sur Internet en sont un exemple. L'industrie de beauté, l'industrie du sexe et les médias donnent constamment aux femmes, en particulier les femmes seules, une mauvaise image d'elles-mêmes, et ces institutions sont florissantes au stade actuel du capitalisme.
  • Nous devons travailler sur nos difficultés en tant que femmes seules en déchargeant sur notre enfance en tant que filles. Nous avons besoin de travailler sur nos relations avec les autres femmes, nos relations avec les hommes, notre histoire liée au fait d'être de sexe féminin et nos luttes contre le sexisme, le racisme, l'oppression des homosexuels et l'exploitation sexuelle. Nous pouvons faire ce travail en gardant en perspective que nous sommes légitimes en tant que femmes, que nous sommes brillantes et puissantes.
  • Les relations de Co-écoute, la participation à des groupes de soutien et à des ateliers forment une base puissante. C'était évident lors de cet atelier. Pendant l'atelier et dans la période qui a suivi, j'ai pu décharger mieux que jamais les situations de victimisation de ma petite enfance.
  • Les femmes seules peuvent et doivent prendre l'initiative dans la transformation de la société. Nous avons un potentiel révolutionnaire.

Un grand merci à toutes les femmes qui ont joué un rôle pour faire de cet atelier un succès.

Diane Balser

Personne de Référence Internationale pour la Libération des Femmes

Jamaica Plain, Massachusetts, USA

Reproduit du forum de la Co-écoute pour les dirigeantes des femmes

Traduit de l’anglais par Brigitte Guimbal

 


Last modified: 2019-05-02 14:41:35+00